SNALC

Témoignage d'une AESH / AVS

Le SNALC vous livre le témoignage poignant d'une AESH broyée par le système...

Il y a une semaine et après maintes et maintes tentatives, je réussis enfin à avoir au bout du fil une personne responsable des recrutements AESH... Je ne sais combien d'appels j'ai du passer... En même temps j'avais deux mois de vacances pour cela me direz-vous...
Oui et en même temps passer deux mois et  demi sans savoir si l'on aura un travail qui nous attendra au bout ce n'est pas forcément ce que je souhaiterais à quiconque ... 

Après tout ça ne fait que trois semaines que la rentrée a débuté, seulement trois semaines que des enfants accompagnés par une AVS jusqu'ici se retrouvent sans elle, trois semaines que des parents se sentent démunis plus que jamais et se retrouvent sans réponse face à leurs attentes, trois semaines que je me demande si je retournerais dans cette école que j'aimais tant, refaire ce boulot que j'aimais tant, retrouver ces enfants que j'aimais tant, cette enseignante et cette autre AVS que j'aimais tant.

Il y a une semaine je n'étais toujours sure de rien.. On m'avait pourtant lancé "dossier favorable" mais c'est drôle je n'en avais déjà plus envie...
J'ai attendu trop longtemps que l'on me replace ailleurs, remplace également par une autre AESH dans mon ancienne école.
Cette même école super qui avait tout fait et s'était battue pour me garder auprès d'eux (trois lettres de recommandation au total). 
J'attendais tout de même jusqu'à aujourd'hui, ce matin, un e-mail puis un coup de téléphone pour m'apprendre que l'on avait enfin trouvé quelque chose pour moi.
Dans un collège juste en face de mon ancienne école, soit toujours les 30 kilomètres à faire (alors que l'on m'avait dit pas plus de 20).

Je m'interroge alors, leur signale et la femme me répond qu'ils se sont trompés qu'ils pensaient que j'habitais la commune où est situé le collège... 
Merveilleux !!!!!
J'avais tout de même, une semaine auparavant, envoyé un dossier complet avec mon adresse et je l'avais même redonné à la responsable AESH elle même par téléphone. 
La femme me dit que c'est une erreur de leur part et je lui réponds que ça commence à faire beaucoup d'erreurs.

La responsable me rappelle pour m'envoyer dans une école maternelle avec une enfant.
J'accepte bien sûr mais lui signifie tout de même que ma seule demande était celle d'être AESH collectif en ULIS et sur ce, elle me répond que je suis bien gentille mais que tous les postes sont déjà pourvus. 
Eh oui je suis sortie de mes gonds. 
"La faute à qui ?" lui ai-je demandé. 
Et elle a osé me répondre "je ne supporterais pas qu'une de mes salariés me parlent ainsi... 
Je suis tout de même référente du rectorat... Blablabla bref j'ai pas tout compris. 
Je lui ai répondu que ça m'était égal qu'à ce moment même pour moi, elle n'était qu'une parmi tant d'autres qui avait commis pas mal d'erreurs et qu'il serait temps qu'elle le reconnaisse. 
On m'avait pourtant dit de courber l'échine face à cette grosse boutique, je n'en ai pas eu envie, plus eu envie... 
J'ai terminé par un "ne m'envoyez plus de contrat, je n'occuperais plus de poste en lien avec l'éducation nationale.
Au revoir madame." 
 
J'ai accepté d'être formée d'avantage l'année dernière sur ce métier, des journées non rémunérées auxquelles j'ai participé, des frais de nourrice, j'ai accompagné ces élèves, j'ai ri, souri, répété et re-répété encore et encore, j'ai soupiré parfois, je pense même m'être demandée si j'étais vraiment faite pour ça et puis il y a eu des victoires, des enfants apaisés, des enfants souriants, des regards admiratifs, il y a eu des aurevoirs mais certainement trop brefs à mon goût et aujourd'hui un dégoût du système éducatif tout entier.

Un dégoût que je ne pensais pas ressentir un jour. Une profonde injustice, un manque d'humanité pour faire simple.

Je suis pourtant auxiliaire puéricultrice, j'avais auparavant travaillé en tant qu'AVS, un an, deux ans, j'étais donc diplômée mais rien n'y fait, ils avaient perdu mon dossier ou ne l'ont d'ailleurs jamais reçu...
Peu importe. Si leurs enfants étaient dans la situation de ceux de certains parents, ils se sentiraient certainement plus investis par leur mission...

Je viens d'avoir l'information aujourd'hui qu'un acompte sur mon salaire me sera versé non pas le 11 octobre (à la place du 25 septembre) mais fin octobre, si tout va bien ! Deux mois sans salaire... De plus, je n'ai toujours pas accès à ma fiche de paie. 
Le service est désolé de ce contre temps... 
 Je souhaite donc désormais bon courage à toutes celles et ceux qui persévéreront.
Continuez ainsi car quelque chose de beau vous attend à l'arrivée.
Aider un enfant est inévitablement ce qu'il peut y avoir de plus beau aujourd'hui en ce monde. Alors courage à toutes et tous.

 
 Moi, en tout cas, j'abandonne. Je pense même avoir abandonné depuis longtemps.
Ce système est pourri.
 
E C

Le 09 octobre 2019