Voie professionnelle sous statut scolaire

Après la réforme de l’apprentissage et celle de la voie générale et technologique, la voie professionnelle sous statut scolaire qui accueille actuellement 1 lycéen sur 3 attend sa réforme. Entre angoisses et espoirs, le SNALC réaffirme ses revendications pour un enseignement professionnel de qualité respectueux des valeurs d’équité et de justice sociale qui animent notre syndicat. Dans l’intérêt des élèves et des professeurs, vous trouverez ci-après les mesures prévues pour la voie générale et technologie qu’il nous semble judicieux d’appliquer en lycée professionnel pour faire de la voie professionnelle une réelle voie d’excellence.

 

Des programmes annuels d’autant plus que les « mouvements naturels » déjà importants en voie professionnelle ne pourront que s’amplifier avec la réforme de l’apprentissage et le droit à l’erreur sur l’orientation.

 

Des horaires d’enseignements disciplinaires eux aussi annuels en lieu et place d’un volume horaire prévu pour les 3 ans de formation qui complexifie et parfois même génère des tensions ou des stratégies, pas toujours dans l’intérêt des élèves, entre les enseignants sous couvert de l’autonomie des établissements (ou de l’intérêt du chef d’Établissement) pour la réalisation du TRMD.

 

Un contrôle continu sous forme de partiels à une date nationale avec, pour garantir l’égalité entre les candidats et les établissements scolaires, une « banque nationale numérique de sujets » et des copies anonymées corrigées par d’autres professeurs que ceux de l’élève à la place du CCF ou plutôt des CCF tant les définitions des épreuves en fonction des disciplines et des diplômes professionnels varient. Les lycéens professionnels méritent eux aussi un diplôme national dont la valeur ne souffre d’aucune suspicion.

 

Et bien entendu, lors de l’entrée en seconde :

• Un test numérique de positionnement en début d'année pour permettre à chacun de savoir où il en est en français et en mathématiques.
• Un accompagnement personnalisé tout au long de l'année concentré sur la maîtrise de l'expression écrite et orale adaptée au champ professionnel.

En effet, savoir lire, écrire et compter sont des conditions sine qua non, si nous ne voulons pas que le développement du numérique soit uniquement une source de gains de productivité colossale et un Eldorado pour des multinationales mais un outil (et seulement un outil) de diffusion et de contrôle des connaissances. Remettons donc les choses dans l’ordre. Avec le numérique, il est plus que jamais nécessaire de savoir lire et écrire. Et, il est malheureusement établi depuis fort longtemps que le public majoritairement présent en lycée professionnel sont les enfants des catégories socio-professionnelles les moins favorisées. Ces mêmes catégories socio-professionnelles qui souffrent d’un déficit de littératie [i] et qui sont de ce fait actuellement les moins aptes à profiter des dispositifs de formation professionnelle tout au long de la vie. Pour finir sur un point concret, les élèves de la voie professionnelle savent déjà cliquer et utiliser un Smartphone mais comme dit précédemment le numérique n’est qu’un outil qu’ils n’utilisent dans la majorité des cas que pour se distraire (ou pour tricher…). Ils ont donc besoin de leurs enseignants comme nous avons eu besoin des nôtres pour structurer l’apprentissage des savoirs et savoir-faire. Et contrairement au discours officiel les professeurs de LP dont beaucoup viennent de l’entreprise n’ont pas peur du digital mais encore faut-il que cela fonctionne dans les établissements...

 

Le SNALC continue de défendre une école publique de qualité qui permet à tous de réussir.

 

V.LEJEUNE

Professeur d’éco-gestion Académie de Versailles

 

[i] Selon OCDE la littératie est « l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités. »