SNALC

Programmes : « Je ne pense pas que la grammaire soit négociable »

Souâd Ayada, présidente du Conseil supérieur des programmes, répond aux « pédagogistes ».

Dans cet article, Le Point recueille les propos de Souad Ayada. On apprend ainsi avec satisfaction que « l'inspectrice générale de l'Éducation nationale souhaite un retour au bon sens ».

Voici quelques morceaux choisis :

"les élèves apprennent la grammaire pour bien écrire, bien parler et bien utiliser la langue. Ce ne sont pas des « observateurs » de la langue, contrairement à ce que laissent croire les programmes actuels. Ce sont des « usagers » de la langue, non des linguistes !"

"Pour mon prédécesseur, la grammaire, c'est quelque chose de négociable. Je ne pense pas que la grammaire soit négociable. La langue, c'est ce qui préexiste aux individus, c'est ce qui les structure. Il faut maîtriser la grammaire pour se sentir libre dans l'usage de la langue. C'est irresponsable de dire aux élèves qu'ils peuvent négocier l'orthographe, la grammaire… Je ne souscris pas à l'idée que l'élève construit ses savoirs."

"la langue orale serait la norme de la langue écrite. C'est un renversement inquiétant ! Jusqu'à il y a peu, c'était l'écrit qui constituait la norme de l'oral. On assiste à un nivellement par la langue orale, qui est soumise à l'impératif de communication, qui cède à la rapidité, à la simplification. [...] Je ne suis pas pour la sacralisation de l'écrit, mais on ne peut pas se réjouir de l'appauvrissement de la langue. Le langage SMS ne doit pas devenir la norme."

"Ce n'est pas de la bienveillance, c'est plutôt de la condescendance sur fond de cynisme. L'arrière-pensée ici à l'œuvre est la suivante : « Puisque vous n'êtes pas capables d'accéder à toutes les subtilités de la langue, nous décidons, parce que vous êtes étrangers, parce que vous êtes pauvres, de ne pas vous les enseigner ! De toute façon, vous n'en avez pas besoin puisque vous ne lirez jamais Dumas, Balzac… » Condescendance, cynisme et mépris de classe."

"Il ne faut pas que l'école consente à la destruction de la langue".

"Le bon sens n'est pas méprisable, surtout quand il n'a qu'un seul but : assurer à chaque élève une instruction élémentaire qui rend possible sa vie sociale. Je ne vois là aucun conservatisme, j'y vois plutôt le souci constant de la transmission, un souci ouvert sur les réalités contemporaines et donc aux antipodes de toute attitude réactionnaire."

Nous ne pouvons que penser à cet article du SNALC-Versailles dans lequel les IPR de Lettres présentaient la réforme de la grammaire... La roue tourne et le SNALC s'en réjouit !

VP