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Il ne peut y avoir d'enseignement s'il n'y pas d'autorité.

Voici la synthèse de l'entretien avec Iannis Roder...

Voici la synthèse de l'entretien avec Iannis Roder, professeur d'histoire géographie extrait du journal "Le un" : Comment sauver les profs :  Il ne peut y avoir d'enseignement s'il n'y pas d'autorité.

Iannis Roder tire le bilan de 20 années d’enseignement après ses débuts en ZEP (aujourd'hui REP) en seine St Denis où ses premières années furent difficiles : "Les élèves n'ont pas d'empathie particulière pour nous : vous êtes un adulte qu'ils secouent dans tous les sens." Si on veut éviter le découragement, il faut se dire "qu'on n'arrive pas en étant un super prof, et on met du temps à devenir un bon : deux ou trois ans, voire cinq à six ans pour se sentir à l'aise".

En REP, les élèves acceptent notre autorité grâce à la maîtrise de notre matière. Même si c'est difficile de commencer par une REP, "je crois aussi qu'on devient un très bon prof en REP parce qu'on a su y construire son enseignement et des relations avec des élèves. Moi je reste leur prof, je ne suis pas leur ami. Si vous êtes leur ami, vous n'êtes plus un référent. La relation d'enseignement est d'abord une relation d'autorité. Pas au sens de la discipline, mais de l'autorité intellectuelle et morale que vous présentez pour vos élèves."

Aujourd'hui il est difficile de recruter de nouveaux enseignants du fait d'une formation initiale à revoir, qui nécessiterait un mélange d'expériences, un enseignement qui s'étalerait davantage dans le temps, en travaillant sur l'erreur, et davantage sur la relation à l'élève. De plus, le manque parfois de soutien de la hiérarchie augmente la difficulté des professeurs. "Il faut donc écouter le prof en souffrance sans mettre sur un pied d'égalité la parole de l'élève et la sienne, car c'est en faisant cela qu'on détruit toute autorité. Et il ne peut y avoir d'enseignement s'il n'y a pas d'autorité."

De plus, l'image du métier et de ses conditions d'exercice se dégrade depuis 30 ans, n'offrant plus aucune attractivité comme l'illustre le film "Une vie de prof" d'Hervé Chabalier.

A noter que ces dernières années, les réseaux sociaux augmentent les difficultés des enseignants qui ne sont plus "les seuls prescripteurs du savoir, obligeant les enseignants à une justification de ce qu'ils avancent", nouvel aspect pénible du métier.

Enfin il ne faut pas oublier la nécessité croissante de la réponse immédiate induite par la technologie actuelle qui propose de nombreuses informations en temps réel. Les élèves "ont du mal à accepter que l'utilité du savoir n'est pas forcément immédiate mais que cela leur permettra de construire une réflexion". Réflexion qui nécessite de se construire dans le temps, allié qui fait défaut aujourd'hui au professeur vu la longueur ou l'épaisseur des programmes à traiter…

Iannis Roder s'est attaché à redéfinir dans cet entretien la notion d'autorité magistrale et lui a redonné toute sa richesse. A une époque où l'on veut faire accepter l'autorité  par la bienveillance, il nous paraît tout à fait pertinent de rappeler que l'autorité pour être réelle et efficace repose sur le savoir, l'effort et une certaine distance.