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NON, NOUS NE SERONS PAS INDULGENTS !

Évoquant l’aide aux agriculteurs, le 25 mars 2020, la porte-parole du gouvernement, Madame NDIAYE, a tenu des propos infamants sur les enseignants.

Au dixième jour de confinement, les parents reconnaîtront que les enseignants des 1er et 2nd degrés ont contribué, autant qu’ils le pouvaient, à la mise en place de la « continuité pédagogique ».

Non pas parce que c’était une volonté politique, mais parce que les enseignants sont des femmes et des hommes engagés, passionnés, dévoués, soucieux d’instruire, d’éduquer et de former la jeunesse dont ils ont la responsabilité.

La responsabilité n’est pas un concept, elle s’incarne dans l’exercice de notre fonction ou dans la mission qui nous est confiée.

Le dévouement est relatif aux moyens que nous avons pour faire de notre mieux et être utiles afin d’honorer notre engagement, notre vocation.

 

Évoquant l’aide aux agriculteurs, le 25 mars 2020, la porte-parole du gouvernement, Madame NDIAYE, a appuyé son argumentaire en affirmant : « Nous n’entendons pas demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas compte tenu de la fermeture des écoles (souligné par nous) de traverser la France entière pour aller récolter des fraises gariguettes ».

 

Cette phrase, retranscrite dans son intégralité, est accompagnée par une gestuelle qui soutient le verbal : ouverture des deux bras à la prononciation de « ne travaille pas » et « fermeture des écoles », comme elle l’a fait identiquement pour accompagner et renforcer, plus avant, les propos suivants : « donner un coup de main évidemment rémunéré » (souligné par nous) et « dans les régions où il y a des récoltes actuellement » (souligné par nous).

 

Les paroles de Madame NDIAYE et les gestes qui les soulignent confirment l’évidence du mépris d’une profession, celle des enseignants. Cette phrase a aussi des conséquences sur la cohésion nationale car Madame NDIAYE, porte-parole du gouvernement, laisse penser que certains travaillent et souffrent tandis que d’autres ne font rien… Cela nous rappelle évidemment « les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien » (E. Macron, 2017).

 

Le directeur de cabinet du Ministre de l’éducation nationale, alors interpellé au sujet de ces propos infamants, répond : « La porte-parole du gouvernement a rectifié, comme vous l'aurez sans doute vu. Accordons-nous un peu d'indulgence en cette période difficile et inédite pour notre pays. Le ministre est pleinement conscient de l'investissement et de la mobilisation exemplaire de l'ensemble des personnels de l'éducation nationale, n'en doutez pas. Il aura l'occasion de le rappeler publiquement dans les heures qui viennent. »

 

Le sujet n’est pas « l’ensemble des personnels de l’éducation nationale » mais précisément, le sujet est l’attaque directe faite aux seules enseignantes et enseignants de l’éducation nationale… Ne nous trompons pas de débat !

 

Qu’est-ce que Madame NDIAYE a reconnu ? Et l’aurait-t-elle dit sur la chaîne télévisée qui a retransmis ses propos insultants quelques heures avant ?

Sur Twitter, elle annonce un « mea culpa ». Le mea culpa est la reconnaissance d’une faute et non d’une simple erreur. Lorsque l’on a commis une faute, on doit demander pardon à celles et ceux que l’on a offensés ; ce qui ne préjuge pas que le pardon soit accordé. Nous, enseignantes et enseignants, attendons la confession de Madame la porte-parole.

Madame NDIAYE, sur Twitter, avoue alors « mon exemple n’était vraiment pas le bon » … ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas vrai ! Nous attendons que Madame la porte-parole reconnaisse son incompétence et la méconnaissance des dossiers en cours concernant l’éducation nationale.

Enfin, Madame NDIAYE écrit sur Twitter « Je suis la première à mesurer combien l'engagement quotidien des professeurs est exceptionnel », considération généraliste qui ne loue pas l’engagement remarquable depuis dix jours, dans un contexte exceptionnel, de femmes et d’hommes, parfois mères et pères de famille dont le conjoint est peut-être au chômage ou souffrant, et qui nous confient parfois leur détresse face au travail considérable qu'elles/ils font dans l'urgence, sans préparation, sans formation, sans aide financière, avec leur propre matériel, leur propre forfait internet (quand c'est possible!).

 

Non, nous ne serons pas indulgents vis-à-vis du mépris et de l’inconséquence des propos de Madame NDIAYE, porte-parole du gouvernement, qui prépare ses discours, qui choisit ses exemples et qui en mesure les effets. Si ce n’est pas le cas, et si elle est en incapacité d’exercer les responsabilités de sa fonction alors qu’elle démissionne. Elle pourra au moins se prévaloir d’être digne et, pour cette fois, d’avoir fait preuve de discernement.

 

                             Hélène FACHE, responsable EPS du SNALC Versailles, élue au CTSD du 78