SNALC

Bilan du sondage sur le télétravail

Le Snalc-Versailles a sondé ses adhérents au sujet de la continuité pédagogique

Voici maintenant plus de deux semaines que le confinement a été appliqué dans l’éducation nationale. Et il a été décidé de le prolonger jusqu’à mi-avril.

Le SNALC-Versailles qui a sondé cette semaine ses adhérents, souhaitait faire remonter un certain nombre de leurs préoccupations auprès des instances ministérielles.

Nos collègues évoquent le cas de chefs d’établissements qui tentent d’imposer des directives, voire un contrôle, sur les modalités choisies par les professeurs pour assurer la continuité pédagogique, y compris sous la forme conviviale d’un apéritif pédagogique, le vendredi soir. Nos collègues tiennent à ce qu’on respecte leur liberté pédagogique et qu’on ne leur impose pas de méthode.

Le rôle du chef d’établissement et celui de la CPE est au contraire apprécié par nos collègues lorsqu’ils veillent au fonctionnement de la connexion, quand ils s’assurent qu’aucun élève ne soit dépourvu de matériel ni disparaisse des échanges. Nos collègues estiment, malgré les injonctions de quelques chefs d’établissement ou d’inspectrices de district, qu’il n’est pas de leur rôle d’appeler avec leur portable personnel, les élèves pour maintenir un lien pédagogique voire affectif. Il appartient plutôt aux CPE, aux chefs d’établissement et directeurs d’écoles déchargés à plein temps (qui ne sont pas à priori sur le pédagogique) d’intervenir auprès de l’élève et de ses parents, au cas où il ne participe plus à l’enseignement, sur signalement des professeurs. 

Le constat partagé par tous nos collègues est que le télétravail leur impose beaucoup de tâches supplémentaires et chronophages (rédaction des cours, transcriptions de ces derniers, notamment des formules scientifiques), rendues plus compliquées encore par l’inadaptation ou le manque de puissance de l’informatique mise à leur disposition. Faire preuve de disponibilité professionnelle dans le cadre de son domicile, dans la situation générale de confinement imposée à l’ensemble de la population augmente le stress de beaucoup de collègues qui doivent en plus de l’enseignement à partir de leur domicile faire face aux contraintes de la vie et de la cohabitation quotidienne, s’occuper de leurs enfants, de leur suivi scolaire, des obligations ménagères et des courses à longues files d’attente, sans que la présence de leur conjoint leur soit toujours d’un secours véritable, parce qu’il est lui aussi occupé par un télé-travail.

Dans ces conditions, il apparaît clairement que nos collègues arriveront épuisés aux vacances de printemps, et qu’ils ressentiront le besoin d’une véritable coupure. Ils rejettent le projet de poursuivre sur le temps de vacances un contact pédagogique téléphonique avec les élèves de première et de terminale entre autres, y compris sur la base du volontariat (dont on sait ce qu'il signifie à l' Education nationale). Soit le télé-enseignement a réussi et ces contacts sont inutiles, soit il a échoué et cela ne sert plus à rien de continuer dans cette voie. Le télétravail a également demandé beaucoup d’efforts et d’énergie aux élèves, aux scolaires comme à ceux qui ont des difficultés à se concentrer et à s’organiser, et ils auront aussi besoin de vraies vacances pour décompresser.

Le télé-enseignement apparaît comme une réponse exceptionnelle à une situation inédite. Le constat des difficultés techniques, celui d’être bien moins efficace qu’en présentiel, la fracture informatique patente au sein de la population scolaire sont des arguments suffisants pour récuser après la crise du COVID 19 le recours systématique à ce mode de travail par une institution toujours encline à inventer de nouvelles manières d’enseigner et à essayer d’imposer aux professeurs des obligations de service supplémentaires au nom de la solidarité (télé-enseignement pendant les absences pour maladie des élèves, voire des professeurs, en cas de voyage scolaire, de stage etc…).

N’oublions pas qu’actuellement les collègues qui jouent le jeu le font avec leurs outils personnels financés sur leurs deniers : téléphone, forfait téléphonique et/ou internet, ordinateur muni ou non de webcam…

Le SNALC a toujours soutenu les collègues victimes de ce genre de débordements. L’attribution d’une indemnité forfaitaire pour le remboursement des frais de télétravail en échange des sacrifices consentis exceptionnellement ressemblerait alors à un piège ou peut-être à une ruse pour faire entrer le télétravail comme le cheval de Troie au sein de leur pédagogie qu’ils entendent pouvoir continuer de mener librement. Timeo Danaos et dona ferentes. Je crains les Danaens surtout quand ils apportent des présents. Si les professeurs étaient rémunérés pour le télétravail, quels arguments auraient-ils pour refuser de le faire ?

Synthèse et extraits des mails reçus en réponse.


Frédéric SEITZ
Président académique